Le Festival du Mois de la Terre est à l’honneur dans notre théâtre élisabéthain ce mois-ci avec une série de conférences-théâtralisées de Frédérique Aït-Touati et Bruno Latour alliant arts et sciences pour parler de la crise écologique. A ce titre, ces conférences s’inscrivent pleinement dans la pensée développée par William Morris, artiste anglais dont les motifs font le charme du manoir, dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Le Festival du Mois de la Terre est à l’honneur dans notre théâtre élisabéthain ce mois-ci avec une série de conférences-théâtralisées de Frédérique Aït-Touati et Bruno Latour. Elles allient différentes disciplines pour parler de la crise écologique, notamment en liant arts et sciences. Pour eux, c’est le seul moyen de relever le défi écologique. Ils défendent l’enjeu esthétique, dans le sens étymologique du terme c’est-à-dire la science du sensible. Au travers de ces spectacles, il s’agit donc de nous rendre sensible au beau dans la nature et dans l’art.

A ce titre, ces conférences s’inscrivent pleinement dans la pensée développée par William Morris dans la seconde moitié du XIXe siècle.

William Morris est un artiste et socialiste anglais que nous ne présentons plus. Précurseur du design, c’est ses motifs qui font le charme du château d’Hardelot.

Rideaux Original William Morris and Co Motif Forest, crée en 2013 par Alison Gee s’inspirant d’une tapisserie la Forêt dessinée par Morris en 1887 Image: Jérôme Pouille-CD62

Morris a lui aussi réalisé des conférences dans les années 1880 où il démontre comment art et écologie sont liés. Il défendait déjà la protection de la Nature en fustigeant, entre autres, contre les grandes usines qui polluent l’eau et l’air, en réclamant la présence d’espaces verts dans les villes ou encore en plaidant pour que certaines zones naturelles soient laissées à l’état naturel et non exploitées par l’Homme pour leurs ressources. Si ce discours vous paraît moderne pour l’époque, penchons-nous encore un peu sur le reste.

 

«  Our green fields and clear waters (…) are turned (…) dirt; and to speak plainly (…) there is no hope of bettering it, hut that things grow worse year by year, day by day. Let us eat and drink, for to-morrow we die—choked by filth. »

« Nos champs verts et nos eaux claires (…) sont devenus (…) saleté ; et pour parler franchement (…) il n'y a pas d'espoir de l'améliorer, mais que les choses empirent d'année en année, de jour en jour. Mangeons et buvons, car demain nous mourrons étouffés par la crasse. »

Art and socialism, William Morris, 1884

 

A côté de ces prises de positions, Morris critique également l’idéologie productiviste et consumériste. Ainsi, il peste contre la société de consommation, où le commerce pousse les fabricants à produire de plus en plus vite des objets d’une qualité de plus en plus médiocres. Au tout début de l’ère industrielle, il plaide déjà pour un retour à l’artisanat au travers du mouvement artistique des Arts & Crafts dont il est la figure de proue. D’un autre côté, il raille les industriels qui cherchent à préserver leur profit plutôt que la nature. Enfin, en face, il interroge aussi les consommateurs qui participent au système en cherchant des prix constamment plus bas, sans égard pour l’objet acheté ni les conditions de vie de celui qui les a fabriqués. Il les invite à noter ce qui chez eux ou dans les vitrines de magasins est superflu pour la vie de tous les jours d’un homme raisonnable. A travers ces trois thèmes, il dénonce déjà le fléau du gaspillage de nos ressources naturelles et humaines.

 

Les idées de Morris se retrouvent de nos jours dans l’écosocialisme, auprès des personnalités qui valorisent la décroissance, du grand public, ou encore dans le land art alors que la crise écologique fait la une de l’actualité. Il est temps aussi de questionner son œuvre qui a parfois été à l’encontre de ses valeurs (impressions à l’arsenic, production luxueuse réservée à un petit cercle de privilégiés…) ou qui est déformée aujourd’hui (exploitation massive de ses motifs dans des productions industrielles de facture médiocre).

Si vous souhaitez en savoir plus sur ces questions, vous trouverez vos réponses en visite guidée avec nos médiatrices.

Bibliographie

  • Comment nous vivons, comment nous pourrions vivre, William Morris, Rivages poche, Petite Bibliothèque, 2013
  • Art and Socialism, William Morris, 1884
  • Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux, Libertalia, 2019
  • A propos de la compagnie Zone Critique, https://www.zonecritiquecie.org/la-compagnie